Par Xavier Perrin (xperrin@xp-consulting.fr)
J'ai lu "le But" pour la première fois il y a une vingtaine d'année. J'étais alors un jeune directeur de production, en recherche de performance industrielle pour mon entreprise. Je venais de mettre en place une GPAO (Tolas Production) : les différents niveaux de planification étaient en place et nous permettaient de maîtriser nos flux. Cette première étape franchie, il s'agissait ensuite de réduire les stocks et d'améliorer la productivité. Le "bons sens" était la première source d'inspiration pour cette mission. Le problème, c'est que nous ne partagions pas tous le même "bons sens" : alors qu'il me semblait évident de ralentir le débit de certaines ressources, notre contrôleur de gestion exigeait que toutes les machines soient chargées à 100% ! Difficile de faire valoir son point de vue à un "ancien" bien plus expérimenté ! La lecture du But m'a alors apporté la lumière : j'avais maintenant des arguments beaucoup plus solides pour faire valoir mes idées. Et lorsque le contrôleur de gestion s'est laissé convaincre de lire le livre, les choses devinrent beaucoup plus faciles !
Plus tard, la lecture de "It's Not Luck!" m'éclaira sur la nécessité de construire des processus de raisonnement solides et structurés pour analyser efficacement les situations et construire des plans d'actions efficaces et efficients.
J'ai du faire preuve de beaucoup de ténacité pour la lecture de "The Haystack Syndrome". En récompense, j'ai découvert toute la profondeur et la puissance de "throughput accounting" et des trois indicateurs de la Théorie des Contraintes : Throughput, Inventories et Operating Expenses. "Le but" me les a fait découvrir, "The Haystack Syndrome" me les a fait maîtriser.
C'est plus récemment que j'ai découvert les principes de "Critical Chain" pour le management des projets. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de les enseigner il y a deux semaines.
Lorsque je suis en mission et que la complexité de la situation rend particulièrement difficile le choix entre différentes solutions, c'est toujours à la Théorie des Contraintes que je me réfère pour trouver le bon chemin.
Je suis infiniment reconnaissant à Monsieur Eliyahu Goldratt pour ce qu'il m'a apporté au travers de sa pensée et de ses ouvrages. Et aussi pour la façon qu'il a eue de faire partager sa pensée grâce à ses talents d'écrivain.
Eli Goldratt nous a appris à gérer les contraintes. L'ultime contrainte de son talent était la mort. Eli Goldratt nous a quitté ce samedi 11 juin...